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mybabytroubles
23 mai 2007

Mon nom est Roanita Svantanes

Mon nom est Roanita Svantanes, je suis née en 1981 de parents Tziganes, j’ai un grand frère et une grande sœur, je suis la plus petite de notre communauté, mais certainement pas la plus douce et la plus gentille, j’ai treize cicatrices, chacune d’elles racontent une histoire, toutes aussi cruelles les unes que les autres mais toutes aussi vraies.
    La première m’a été infligée par mon grand frère, Jésus, je n’avais alors que trois ans mais je m’en souviens comme ci c’était hier. On attendait que l’heure du repas arrive mais le temps ne passait pas, alors Jésus qui jouait avec son couteau me demanda de poser ma main sur la table et de fermer les yeux. Je me suis demandée ce qu’il voulait faire mais je l’ai fait sans lui poser la question. Il me demanda aussi, d’écarter les doigts, et je l’ai fait. J’entendais de petits tapotements sur la table mais rien ne me semblait dangereux alors j’ouvris les yeux et il était en train de passer son couteau entre mes doigts, j’ai crié en prenant peur, il enfonça le couteau profondément dans ma chair, dans ma petite main d’enfant. Quand il ressortit la lame, une larme coulait sur mon visage, je lui souris et lui dis : "Tu vas voir, je vais le dire à papa et il va te punir !". Je savais malgré mon age, ce qu’il fallait dire à mon père pour aggraver la situation. Je lui ai donc raconté qu’il m’avait couru après avec le couteau. Cela arrivait souvent à madame Cétchi, notre voisine de caravane, de courir après son mari quand il revenait saoul. Mon frère ce jour là, s’est prit la plus belle rouste de sa vie et moi, je suis devenue depuis ce jour la plus belle peste.
La deuxième cicatrice, je me la suis faite toute seule, en voulant attraper un bout de bois de l’autre côté d’une barrière en fer, il était beau et tout tortillé mais la barrière ne pouvait pas me laisser passer, alors j’ai voulu grimper par-dessus et je suis tombée la tête la première, m’assommant, sans aide, je ne pouvais pas crier tellement j’avais l’impression que mon sang  ne voulait plus circuler. Je saignais et  voyais le sang couler sur mes yeux, je suis restée pendant une demi-heure à attendre, j’ai finalement pris le dessus, je me suis tirée jusqu’en haut de la barrière, je l’ai repassé avec prudence et j’ai regagné notre caravane. Ma mère ma vu arriver la tête en sang, elle ne paniquait pas mais je voyais dans ses yeux l’inquiétude. Elle m’a posé des tas de questions auxquels je ne savais pas vraiment quoi répondre étant donné que je n’aurais pas dû être là-haut, j’ai tout simplement fait un sourire à ma mère et lui ai dit : " Je peux avoir de la limonade !". Comment refuser à une enfant de cinq ans blessée qui plus est un verre de limonade ?
C’est à l’âge de huit ans que ma troisième cicatrice m’a était infligé. Je restais souvent avec mes cousins et cousines, ils se servaient de moi pour voler dans les supermarchés. Un jour où il faisait très chaud, ils ont eu l’idée d’aller voler des glaçons, alors tout content, nous sommes allés au supermarché qui bordait la route nationale. Arrivés dans les rayons frais mon cousin Chino a mis deux Mr Freeze dans mon pantalon et m’a demandé de les coincer dans mes chaussures, le froid me fit frissonner. J’avais du mal à marcher, quand le vigile nous surprit. Je voulais courir mais les glaçons me gênaient, alors le " grand méchant monsieur " me prit par le t-shirt et me traîna jusqu’à la caisse centrale. Tous mes cousins étaient partis, il ne restait que Sébastiano qui observait de loin ce qui allait m’arriver. Le vigile me demanda où étaient mes parents, je lui dis qu’ils étaient à la maison. Alors avec qui j’étais venu. "Avec mes cousins bien sur !". Où j’habitais ? " Au terrain du bord de var !". A ce moment là, il entra dans une furie et m’insulta de sale gitane, que je ne méritais que des coups et c’est ce qu’il a fait il me mit une grosse baffe et je souris, il gueula de plus belle me redonna une baffe et là, de tout mon courage, je lui ai levé la main dessus sans pouvoir le toucher, il me tordit le poignet et en me débattant il me le brisa, je me suis écroulée de douleur avec violence et l’os transperça ma chaire et ma peau. Je me souviendrai toute ma vie du regard au loin de mon cousin qui s’est mit à courir vers moi en criant de toutes les langues qu’il connaissait qu’il allait le tuer lui et son père. La caissière qui avait assisté à la scène sans rien dire, se mit à pâlir et appela les urgences et la police, ensuite elle se mit à gueuler après le vigile : " †a va pas, tu es fou de l’avoir cogné comme ça, t’es malade vas te faire soigner, la pauvre gamine, pour un glaçon tu lui a brisé le bras ! ". J’étais contente de l’attention des gens en mon égard, mais j’avais atrocement mal, l’ambulance est arrivée en même temps que ma mère et mon père. C’est là que je me suis mise à pleurer de plus belle, mon père attrapa le vigile avec tous mes oncles il y eut une énorme bagarre, Tziganes contre vigile et policiers. Je suis partie dans un bordel du tonnerre, à ma grande satisfaction, me faire soigner et me faisant consoler par ma mère. Cela  m’a coûté beaucoup de glace et trois mois de plâtre car je n’ai pas arrêté de le casser, encore aujourd’hui quinze ans plus tard, j’ai toujours de grandes douleurs et des tendinites qui m’empêche de dormir.
La quatrième cicatrice est cachée par mes longs cheveux noirs, elle m’a coûté huit points de suture. C’est à partir de ce jour que mon secret n’en était plus un,  aujourd’hui encore lorsqu’il y a ce sourire qui apparaît à mon visage, on arrête tout, plus aucun bruit, tout le monde avale sa salive et on passe aux choses sérieuses. Un après midi de mes douze ans, j’étais partie rejoindre mon frère et sa bande dans un terrain vague pas très loin de notre nouveau terrain quand trois garçons se sont mis à m’appeler : " Hé, la clocharde, sale gitane, pouilleuse, tu t’es lavé ce matin ? ". J’avais l’habitude des insultes comme celles là mais je ne sais pourquoi, eux, m’agaçaient plus que d’habitude. Je me suis donc arrêtée et ils ont continué à avancer. Mon frère et sa bande sont arrivés à ce moment là, je me suis abaissé pour attraper une barre de fer, j’ai regardé mon frère, quand un des gars a dit : " Tiens, la pouilleuse à de la famille. " Jésus avec des yeux inquiet pour les gars, m’a regardé et je lui souris comme à mon habitude. D’un seul, d’un coup, comme avec une batte de base-ball je me suis mise à taper dans le tas de petits merdeux et me suis acharnée. Ricci qui avait senti la chaleur monter avait sorti son cran d’arrêt et en essayant de me tirer par l’épaule pour que j’arrête de taper, il me trancha la peau du cou. Sur le moment j’ai cru qu’il ne m’avait que griffé mais quand j’y ai passé ma main j’ai senti le sang humide et chaud couler le long de ma nuque.  De retour aux urgences, ma mère de nouveau paniquée mais moi toujours satisfaite de ma victoire, j’avais réussi à flanquer une dérouillée à trois gars et j’héritais d’une belle légende. De retour au terrain tout le monde savait et voulait que je leur raconte une nouvelle fois, mais ce que je préférais avant tout c’était lorsque mon frère imitait mon sourire et avec un accent bien de chez nous, le petit Ricci les yeux dans le vague dit : " Le sourire de l’ange !". Depuis ce jour, qui voit le sourire de l’ange est sur ses gardes ou fuit. Mon frère me racontait, déjà petite tu avais ce sourire qui me faisait peur car tu devenais la pire des pestes. Après ça il me rappela la fois où il avait pris cette énorme rouste, il se rappelait mon sourire et ma promesse de me venger de lui. Il ne m’arrivait pas souvent de rire car il ne fallait pas montrer sa joie de vivre chez nous, il fallait être fière et sérieux, trop d’enfantillages agaçait mon père, José. D’ailleurs en parlant de lui la cinquième citatrice c’est de sa faute si je l’ai, il ne l’a pas fait exprès mais s’il ne m’avait pas mit ce coup de pied, je ne l’aurais jamais eu.
Un dimanche d’hiver, mon père devait se préparer pour un match de boxe, il venait de rentrer de son jogging et il continuait de s’échauffer dans notre toute petite caravane, assez grande pour cinq personnes mais quand même. Il avait tout poussé et s’amusait à taper dans un ballon gonflable de gosse sur lequel il avait dessiné un visage de méchant. Comme par hasard je suis arrivée à ce moment, et lui trop concentré donna un coup de pied de toutes ses forces dans le ballon, je me suis donc pris son pied en pleine tête, j’ai reculé d’un pas et je me suis éclatée la joue contre un cadre en verre qui s’est brisé et m’a coupé en forme de U le dessous de l’œil. J’ai eu le droit à des : " la prochaine fois, tu feras attention là où tu va ! " Et à trois points de suture. †a rendait le sourire de l’ange encore bien plus diabolique.
La sixième et la septième cicatrice ont été causées ensemble, elles se trouvent sur mon ventre, elles ne sont pas très grandes mais elles auraient pues me coûter la vie.
Nous étions prés de Paris, nous sommes partis vivre avec ma tante Clora et sa famille en attendant que les histoires d’argent de mon père se calme, il avait arnaqué des patrons de bar, avec des machines de jeux truquées, ça avait fait beaucoup de bruit dans la région alors on a été obligé de partir comme toujours. Bref, les gitans de Paris ne sont pas très chaleureux, ils ressemblent aux vrais gens de la capitale, gris et méchant. Moi, j’en avais après la terre entière, mais cette fois là je n’avais rien contre personne, se sont les autres qui sont venus me chercher. Apparemment j’avais un blouson qui leur plaisait bien et moi, pas décidée à leur donner.  Mon sourire n’a pas plus au gars qui tenait un coup de poing américain dans sa main. La bagarre commença et sans m’en apercevoir, je me suis pris deux coups de couteaux au ventre, plus, un bel œil au beurre noir, le droit de jeter mon blouson aux ordures et de rester une semaine à l’hôpital. Les docteurs m’ont dit que j’avais de la chance d’avoir un peu de graisse sur le ventre, ça avait évité de faire trop de dégâts, j’ai failli mourir et les mecs me disent quoi, que j’ai de la chance d’avoir de la graisse au bide, je t’en mettrais des tartes à ces connards qui se prennent pour des comiques. Là je venais de penser tout en imprégnant sur mon visage le sourire de l’ange, mais quand même, on est dans un hôpital, et je ne vais tout de même pas attaquer les mecs qui m’ont sauvée.
Mon petit séjour à l’hôpital avait permis à ma famille de réfléchir à mon sort. Mon père avait bien mit Jésus en garde, il ne fallait plus me laisser seule, il allait falloir me suivre constamment et me protéger, mais pour mon frère cette idée était des plus mauvaise, il me connaissait mieux que les autres et savait que cette petite mésaventure allait me rendre encore bien plus amère, pour moi, la vengeance contre ces gens allait être des plus tumultueuse. A ma sortie de l’hôpital, j’ai prétexté un besoin d’air pour sortir avec bien sur mon nouveau garde du corps. Jésus me regardait d’un air inquiet sans rien dire et fini par couper son silence.
"Que vas-tu faire, te venger ? Tu vas encore avoir des ennuis. T’en n’as pas assez de passer ton temps à te battre ? Regarde les autres filles, elles ne sont pas comme toi, c’est des vraies filles, elles ne se battent pas."
"Exactement, tu viens de le dire, Jésus. Elles ne sont pas comme moi, et je ne veux pas être comme elles. Tu crois vraiment qu’il faut se laisser faire, p’pa , lui se venge toujours et tu l’encourage, pourquoi tu ne fais pas pareil avec moi."
"Parce que tu es plus faible."
Et là, s’était la goutte d’eau, je me suis mise dans une rage folle mais intérieure  pour ne pas cogner Jésus mais il l’aurait mérité. Je ne savais pas encore comment faire mais il fallait leur donner une bonne correction à ses petits parisiens. Je voulais les brûler, les fouetter comme dans le temps, les pendrent ou même les noyer de mes mains, une immense furie grandissait en moi et je ne pouvais pas la calmer.
On regardant autour de moi je cherchais ce qui allait pouvoir me servir et mes yeux se sont arrêtés sur un jerricane d’essence qui appartenait à Jésus. C’était l’essence de sa moto, il n’a jamais voulu me la faire conduire. Peut-être suis-je trop faible comme il le dit. Bref, je venais de trouver ce qui allait me permettre de faire taire ses accusations, c’est comme ça que je l’avais pris, accusé d’être trop faible. Plusieurs t-shirts étaient étendus sur une corde, j’en ai pris trois, j’ai été chercher des bouteilles de limonade en verre que j’ai vidé par terre sans penser à en boire une goutte. J’ai versé l’essence dans les bouteilles puis j’ai imbibé les t-shirts d’essences en les faisant passer en tige dans chacune des bouteilles. J’étais prête et rien n’allait m’arrêter.
La nuit était tombée et je pensais à la tête de p’pa quand il allait savoir ce que j’avais fais, il allait être furax mais peut-être fier d’avoir une fille qui savait se défendre.
Je me suis amenée devant la mobil home de deux de ces enflures, j’ai allumé deux bouteilles et avec mon sourire, le sourire de l’ange, j’ai lancé la première bouteille sur leur petit abri qui n’allait plus jamais leur servir, la seconde bouteille, je l’ai lancée avec toute la furie qui me hantait, j’avais failli mourir par leur faute, ils allaient peut-être mourir par la mienne. Je suis vite partie après mon second magnifique lancé et je suis passé au dernier salaud qui ne devait pas s’attendre à ce qui allait lui arriver. J’étais face à sa caravane quand un mec est arrivé en criant " au feu " au mobil home des Cofardi, alors ces abrutis sont sortis, quant à moi, il ne me restait plus qu’à mettre le feu à leur charmant domicile, sympathique leur petit paillasson qui me souhaitait bienvenue. Lui aussi a brûlé.
Quand je suis revenue chez moi, j’ai eu le droit à quelques cris, quelques baffes et beaucoup de phrases meurtrières que je n’attendais pas, tellement j’étais fière de moi. Le serment aussitôt fini, on a plié bagage, personne ne m’a parlé ou même regardé pendant une semaine, on s’était arrêté dans une pauvre ville près de bordeaux, on ne connaissait personne et personne ne savait qui on était, ce qui était rare, quand on entendait notre nom la plus part du temps on nous disait qu’on faisait beaucoup parler de nous, mais là ça n’était pas le cas.
C’est là-haut que je me suis fait la huitième cicatrice, je ne l’ai pas fais exprès, ça peut arriver à tout le monde, c’est d’ailleurs déjà arrivé à mon cousin Sébastiano. On était au bord de l’océan et je marchais dans les cailloux près des rochers, mon père m’avait dit de mettre des baskets pour aller dans ce coin, mais je ne l’ai pas écouté, on a la honte en basket et maillot de bain. C’est sur j’aurais préféré l’écouter pour une fois. En marchant, je me suis planté un long bout de ferraille rouillée dans le pied, il était tellement pointu qu’il s’est enfoncé comme dans du beurre. Je criais de douleur, je ne pouvais pas marcher, j’ai cru que mon cœur allait s’arrêter de battre, j’ai eu l’impression d’avoir plus mal que mes coups de couteaux. Tout le monde sait bien que le moindre petit coup dans le pied est insupportable, alors imaginez un énorme bout de fer qui vous transperce. Jésus est venu à mon secours, il m’a porté de ses longs bras maigres mais forts. L’ambulance est arrivée et me voilà de retour à l’hôpital. On m’a endormie car j’étais trop insupportable. Les médecins ont mis plus d’une heure à me retirer ce bout de métal. Ma plaie a mit énormément de temps à se refermer, je ne pouvais pas poser le pied et ça arrangeait toute ma famille. Ils en avaient tous marre de se faire du souci pour moi, sans compter les heures d’attentes aux urgences, pleine chaleur ou pas. Pour la plupart du temps ça n’était pas vraiment de ma faute ce qu’il m’arrivait, c’était la faute à " pas de chance. "
En quelques mois, de repos, je repris toutes mes forces, mais pas forcement toute ma haine. Personne ne venait me chercher des poux et je me sentais enfin calmée.
Ça a duré quelques mois, car mon père qui était surnommé "Jo l’arnaque" par ceux qui le connaissaient, avait trouvé une nouvelle combine et nous avait donc forcés à quitter les lieux avant la tempête. On s’est donc retrouvé à Montpellier. Mon dieu, quelle ville de fous, ce n’est pas exactement comme Marseille mais presque. Les Tsiganes sont prêts à tuer pour cinquante francs, tout argent est bon à prendre. A partir du moment où vous voyez une étendue d’eau, un canal ou quelque chose dans le genre, vous pouvez être sure qu’il y a des cadavres ou des carcasses de voiture, moto et autres. Cette ville est un grand n’importe quoi, je savais qu’il ne fallait pas rester ici, ça craignait de trop.
A notre arrivée je ne sortais pas de la caravane. Trop peur de ce qui allait m’arriver, ma mère me demandait de l’accompagner faire des courses et je n’étais pas tranquille tant que nous n’étions pas rentrées. Un matin, je n’en pouvais plus de rester enfermée, j’ai décidé de me lancer et de voir comment ça allait se passer. Je suis parti me balader dans une rue qui me semblait calme et j’ai rencontré des jeunes de mon age, environ seize, dix sept ans. Ils m’ont demandé une cigarette, que je leur ai donné, ils m’ont demandé d’où je venais car il ne m’avait jamais vu et sans même leur avoir répondu l’un d’eux à dit : "Je suis sure que tu es une gitane !".J’ai rétorqué : "Une Tzigane, s’il te plait !". D’un sourire amusé. Un autre a demandé comment il le savait. Il a répondu que ça se voyait, à cause de mes cheveux long sombre mais qui brillait à l’habitude du soleil. J’aurais aussi bien rajouté, à mon teint mate, un peu sale mais je n’ai rien dit et j’ai continué ma route. L’un d’entre eux, "le Devin", comme je l’ai appelé m’a suivit et on a parlé pendant des heures en marchant. Il était gentil et me semblait malin, je me méfie toujours des gens malin, ils embobinent les filles facilement. Les jours suivent, il a voulu qu’on se revoie et au fil du temps on s’est vu tous les jours, on est sorti ensemble et on a même fait un pacte de sang, d’où ma neuvième cicatrice. On s’est entaillé le creux de nos mains et on s’est entrelacé les doigts. C’était ma première histoire d’amour, j’étais sur un nuage mais je ne le montrais à personne. Face à lui je restais, stoïque, sans émotion, alors que dès que j’étais toute seule je souriais et j’étais heureuse de vivre. Ça n’a pas duré, "Jo l’arnaque" s’était mit vraiment dans la merde, des hommes étaient venus le chercher et nous avait menacé mais " p’pa " était parti se cacher, on ne savait pas où. Ma mère qui n’avait pas le permis à donc pris la voiture et on est parti. Je n’ai rien dit au Devin, je ne lui ai même pas dis au revoir, il a dû rester con sans nouvelles, et moi, je restais le cœur brisé, folle de rage après mon père et ses conneries. Je n’ai rien dis car il aurait fallu que je leur raconte mon histoire que je voulais garder pour moi seule.
Ça faisait plusieurs semaine qu’on n’avait pas vu mon père, ma mère se faisait du souci car on était allé là où mon père nous avait dit d’aller en cas de pépin. A son retour, je le sentais faible, comme malade, il est resté des journées entières au lit à dormir. Je ne savais pas ce qu’il lui était arrivé mais ça ne me disait rien qui vaille. Je sus plus tard qu’il avait fait un séjour à l’hôpital pour une petite blessure, les médecins lui avaient aussi trouvé une infection qui pouvait s’aggraver et se transformer en cancer. Ses poumons en avaient prit un sale coup. Mon père était soudeur, la poussière le faisait cracher du sang et des particules noires, il toussait beaucoup et de plus en plus après son retour.
On était en plein coup dur et mon frère et moi, avions décidés de prendre la famille en main, il nous fallait de l’argent au plus vite. On est allé dans une poste pour téléphoner et on a appelé notre oncle Dario, il allait sûrement nous sortir de cette galère. Il nous a demandé de venir le voir, on était à soixante kilomètres de chez lui. On a fait du stop. Arrivé à sa maison, mon frère n’a pas perdu une seconde et lui a tout raconté. Il avait une affaire pour nous mais hésitait à me laisser la faire avec Jésus, encore un de ces machos. Dario était mon oncle préféré mais il me voyait encore comme une gamine. Jésus a trouvé les bons arguments pour que je l’accompagne, il a venté mes exploits alors Dario a accepté. L’affaire consistait à voler une voiture à un mec qui lui devait de l’argent depuis un an, l’affaire dormait et ça ennuyait mon oncle. C’était facile pour nous, on avait du faire ça une centaine de fois, rien qu’en simple jeu, on ouvrait les voitures, on faisait un ou deux kilomètres histoire d’éviter de marcher, on laissait les voitures au milieu de la route et on rentrait. Il n’y avait pas plus simple pour nous. Je parlais peut-être un peu trop vite, car le mec en question connaissait nos tronches de voyous et était devenu parano avec le temps. A peine, on avait effleuré la voiture que le mec était sorti de chez lui avec son flingue. Jésus m’a poussé pour éviter les balles mais le sauvage a quand même réussit à m’avoir. Je me suis pris trois balles dans la jambe, Jésus, lui n’a rien eu, à part deux jours de garde à vue avec le flingueur, moi je suis resté à l’hôpital trois semaines, j’ai gagné trois nouvelles cicatrices, ce qui en fait douze.
La dernière cicatrice, la treizième, celle là ne se refermera sûrement jamais.
On est le samedi 5 février 2005, il est 23 heures 40, je sors d’un bar où je suis venue voir un concert, j’ai trop chaud, je vais prendre l’air, je m’allume une cigarette, face à moi, quatre tronches qui ne me sont pas inconnue. Je n’ai pas le temps de souffler ma fumée que je reçois une multitude coups, je me retrouve au sol, je n’essaie même pas de me protéger, je savais que ce jour allait arriver, je ne vois plus rien mais je sens et j’entends des gens paniquer, il y a beaucoup de raffut, des cris, des sirènes. Je me sens à la fois bien et mal, angoissé et soulagé.
Il est 8 heures du matin, un homme vient de le dire, je suis allongé nue, deux hommes sont à mes côtés, je ne les connais pas et pourtant il connaisse mon nom. J’entends les pleures d’une femme, on me recouvre d’un drap blanc, je suis morte. Ma treizième cicatrice et  celle de mon autopsie, je ne sais pas de quoi je suis morte mais une chose est sure, c’est que je garde, figé sur mon visage l’expression de la haine. Je n’ai pas pu me venger de cette mort, je n’ai pas pu faire apparaître une dernière fois ce sourire, le sourire de l’ange.

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